Vaut mieux être riche et en santé
que pauvre et malade

Yvon Deschamps

   


  Point de vue sur l'actualité - le 18 mai 2004
par Richard Leclerc

























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La santé, une priorité? Laissez-moi rire!

En lisant le journal ce matin et en écoutant les infos à la radio, j'entendais encore parler de guerre en Irak, du scandale des commandites et des défusions. Pour ce qui est des bêtises de nos voisins états-uniens, on ne peut pas faire grand-chose. De toute façon, Michael Moore semble avoir pris les affaires bien en main, avec son documentaire Fahrenheit 9/11 présenté à Cannes (s'est-il inspiré, pour le titre, du film Fahrenheit 451, de François Truffault, réalisé en 1966 et qui décrit un état totalitaire?).

Mais combien de bêtises sommes-nous prêts à accepter ici, chez nous? Nos politiciens ne cessent de nous parler de la priorité qu'est la santé. Pourtant, notre gouvernement Charest, à cause d'une promesse ambiguë lancée lors des dernières élections provinciales, s'embourbe présentement dans le dossier des défusions, où des petites (dans le sens de « mean ») municipalités claironnent déjà une première étape victorieuse vers le retour aux villes d'antan. Ce qui est d'ailleurs un leurre, puisque rien ne sera comme avant, tant sur le plan du pouvoir que des fonds à gérer. à moins que ces petits maires (toujours dans le sens de « mean ») se préparent à une contestation de la Loi 9 après avoir remporté leur référendum, pour rapatrier les pleins pouvoirs. Que de gaspillage d'argent!

Au fédéral, ce n'est guère mieux. Parlons-nous de débats de société à l'approche des élections? Non, Martin ne nous propose aucun programme. Il se contente de dire que le Québec devrait se rallier au reste du Canada pour mieux centraliser le pouvoir à Ottawa et décider pour tous les Canadiens ce qui est bon pour eux. On constate en effet combien ce gouvernement libéral, dont Paul Martin fait partie depuis belle lurette, et pas juste comme simple député innocent, mais bien comme ministre des Finances, a bien géré notre argent, non seulement en dilapidant des centaines de millions dans le dossier des commandites, mais en créant un déséquilibre fiscal extraordinaire, aux dires de toutes les provinces.

Pendant ces pertes de temps, j'ai eu l'honneur et le plaisir de réaliser, au cours des dernières semaines, une série de capsules vidéos pour mettre en valeur des initiatives qui ont été réalisées dans le réseau de la santé et des services sociaux, dans toutes les régions du Québec. Des petits gestes de tous les jours qui permettent à des gens d'améliorer sensiblement leurs conditions de vie, souvent avec peu d'argent. Caméra numérique au poing, j'ai rencontré des gens qui se réunissent, à Québec, à Sept-Îles et à Drummondville, pour devenir de meilleurs parents et améliorer les relations au sein de leurs familles. D'autres, à Saint-Gabriel-de-Brandon et à Gatineau, organisent des activités pour réduire la violence faite auprès des enfants, dans des milieux défavorisés, tout comme à Sainte-Anne-des-Monts, où 46 % des enfants vivent sous le seuil de la pauvreté, quand ce n'est pas de l'extrême pauvreté.

À Chibougamau, un organisme prend en charge les femmes qui sont atteintes du cancer du sein, à des centaines de kilomètres des grands centres. À Saint-Raymond-de-Portneuf et à Baie-Saint-Paul, un autocar tout équipé permet à des patients dialysés de recevoir des soins trois fois par semaine pendant trois heures près de chez eux, leur évitant au moins d'avoir à ajouter jusqu'à trois heures de transport comme lorsqu'ils devaient recevoir ces traitements à Québec. à Laval, des infirmières se rendent à domicile pour permettre à des personnes atteintes du cancer en phase terminale de recevoir des soins palliatifs dans la dignité, entourées des gens qu'elles aiment, désengorgeant ainsi les hôpitaux. à Saint-Georges-de-Beauce, des personnes en attente d'une opération en cardiologie peuvent aussi patienter dans le confort de leur foyer plutôt que d'être hospitalisées grâce au contact téléphonique quotidien avec des infirmiers et infirmières, ainsi que des rencontres, au besoin, avec leur cardiologue. à Rimouski, on distribue aux familles défavorisées une trousse de petits objets qui rendent leur milieu de vie plus sécuritaire, permettant d'éviter de nombreuses hospitalisations pour accidents et même de sauver des vies. À Sherbrooke, on fait de la réadaptation physique auprès des jeunes et des moins jeunes grâce à deux chiens de Mira, obtenant des résultats supérieurs aux méthodes traditionnelles.

Ce n'est pas tout! Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, on prévient le suicide en offrant aux gens de remiser leurs armes avec un verrou de sécurité, dans une région où plus du quart des familles possède des armes à feu, cause importante de décès quand elles ne sont pas sous haute surveillance. à Montréal, des prostituées se sont donné des outils pour prévenir les maladies transmises sexuellement en élaborant des guides qu'elles ont largement distribués ici, mais aussi à travers tout le Canada. à Québec et à Lévis, des organismes prennent en charge des adolescents et des jeunes adultes pour qu'ils deviennent de meilleurs citoyens. à Saint-Hubert et à Rouyn-Noranda, des gens merveilleux s'occupent quotidiennement de personnes ayant une déficience mentale, alors qu'à Saint-Jérôme, une maison accueille des jeunes atteints de trisomie pendant quelques jours pour que leurs parents prennent un répit bien mérité de temps en temps. Et puis, finalement, il y a ce bon docteur Bérubé, de Rimouski qui, comme dans le roman de John Irving, L'oeuvre de Dieu, la part du diable, a consacré sa carrière pour permettre à des adolescentes d'éviter des grossesses non désirées, atteignant des chiffres de 5 par millier, comme dans les pays nordiques de l'Europe, alors que le taux moyen était, à plus de 18 par millier...

Pourtant, au lendemain du Gala des Prix d'excellence, tenu à Québec le jeudi 13 mai dernier, on a peu ou pas entendu parler du travail de ces gens du réseau de la santé et des services sociaux qui consacrent leur vie au mieux-être de leurs concitoyens, souvent, pour ce qui est des organismes communautaires, soit bénévolement ou pour presque rien. Ce matin, en pensant au coût des défusions qui s'en viennent ou à tout ce gaspillage des commandites, qui n'est que la pointe d'un iceberg, je me demandais ce que Charlotte Pouliot, coordonnatrice de Carrefour-Ressources à Saint-Anne-des-Monts pourrait faire cette année avec quelques milliers de dollars de plus pour venir en aide aux parents et aux jeunes de cette région, et j'en avais mal au coeur. Cette tournée dans les régions du Québec m'a aidé à remettre mes valeurs à la bonne place. Quand allons-nous enfin, comme société, cesser de nous chamailler ou de gaspiller pour des bêtises et enfin faire de la santé notre priorité?

On peut visionner les 20 capsules et voir la santé différemment à l'adresse www.msss.gouv.qc.ca/reseau/prix_reseau/edition2003/laureats.html.

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